La pandémie de COVID-19 et la crise économique qui a suivi ont durement frappé la plupart des pays du monde. Pour contrer les effets de la crise sur la santé et les moyens de subsistance, les gouvernements mettent en œuvre des politiques exceptionnelles, qui nécessitent des volumes de ressources financières sans précédent. Le coût de ces mesures socio-économiques, combiné à la forte baisse des recettes publiques, des sorties de capitaux et des échanges commerciaux, met à rude épreuve les finances publiques et compromet la viabilité de la dette dans de nombreux pays.
Les Nations Unies (ONU) et leurs agences, les institutions financières internationales (IFI) ainsi que d'autres partenaires au développement ont mis en œuvre des initiatives d'intervention rapide pour répondre aux besoins urgents des pays. En particulier, conformément à son large éventail de domaines politiques, l'ONU vise à faciliter un effort coordonné, par le biais de ses Cadre des Nations Unies pour la réponse socio-économique immédiate à la COVID-19, pour relever les défis dans trois domaines différents : la santé mondiale, coordonnée par l'OMS, l'aide humanitaire d'urgence avec l'OCHA et la réponse et le relèvement sociaux et économiques coordonnés par le PNUD.
Le Fonds monétaire international (FMI) fournit une assistance financière rapide et un allégement du service de la dette à ses pays membres à une échelle sans précédent. Plus de 100 pays ont demandé une assistance, et plus de 70 ont déjà été approuvés dans le cadre de la Facilité de crédit rapide, qui peut répondre à des demandes de financement d'urgence allant jusqu'à 100 milliards de dollars américains dans le monde. Une trentaine de pays ont également demandé à accéder au Fonds fiduciaire pour la maîtrise et l'aide aux catastrophes, qui annule le remboursement de la dette sur les prêts du FMI aux pays les plus pauvres pendant une période de six mois. D'autres instruments de financement ont été mis en place, portant le volume total des prêts disponibles pour faire face à l'urgence liée à la COVID-19 à environ 1 billion de dollars américains.
En avril 2020, la Banque mondiale a déployé des prêts accélérés pour aider les pays à reconstruire leur système économique après la crise sanitaire et économique qui a suivi l'épidémie de COVID-19.
Le G20 a mis en place l'Initiative de suspension du service de la dette (DSSI), qui suspend les paiements du service de la dette sur la dette bilatérale de 73 pays à faible revenu et les moins avancés jusqu'à la fin de 2020. En juillet, il avait temporairement débloqué environ 5 milliards de dollars américains pour la réponse à la COVID-19.
Au niveau bilatéral, l'Union européenne (UE) a lancé son initiative « Team Europe » en juin 2020. L'initiative met l'accent sur soutenir les réponses d'urgence à la crise sanitaire immédiate ; renforcer les systèmes de santé, d'eau et d'assainissement et les capacités de recherche pour faire face à la pandémie ; et faire face aux conséquences sociales et économiques immédiates de la pandémie. À ce jour, l'initiative a mobilisé plus de 36 milliards d'euros pour soutenir les pays du monde entier.
Bien que les interventions d'urgence soient primordiales pour tous les gouvernements à très court terme, il reste essentiel d'aligner ces réponses d'urgence sur les priorités à moyen et long terme. Les plans de relance budgétaire à grande échelle n'ont pas qu'un impact macroéconomique : ils peuvent orienter les économies sur de nouvelles voies de croissance et de développement.
Les INFF peuvent être un outil important pour définir la réponse immédiate et maintenir les progrès vers les objectifs à long terme du Programme 2030 et de l'Accord de Paris, qui visent précisément à remédier aux échecs révélés par la pandémie de COVID-19. En effet, la COVID-19 a mis en lumière la façon dont les retards dans la mise en œuvre des ODD (et l'absence d'approches intégrées en matière de développement durable et de financement) peuvent rendre les pays et certains groupes de population vulnérables aux crises. Cette pandémie pourrait donc être l'occasion de revenir sur une trajectoire plus durable guidée par le Programme 2030, avec des ressources financières et non financières alignées sur les initiatives de l'INFF.
Dans la phase d'urgence, certains éléments des INFF pourraient aider les décideurs politiques dans leur réponse. Dans le cadre des travaux de cadrage et de démarrage de l'INFF, la communauté internationale pourrait aider les gouvernements à :
Les INFF peuvent jouer un rôle clé dans l'amélioration de la planification des ODD à moyen terme alors que les pays revoient leurs objectifs et leurs stratégies à la lumière d'une nouvelle base de référence. Dans l'esprit de « reconstruire en mieux », les INFF peuvent prendre en compte l'impact de la pandémie, en : (i) en évaluant et en cartographiant les conséquences des risques externes ; (ii) en conciliant les besoins et les coûts de financement tout en pondérant la soutenabilité de la dette du pays ; (iii) en définissant des stratégies et des politiques de financement qui augmenteront la résilience et atténueront les risques ; (iv) en améliorant le suivi et la supervision des flux de financement pour mieux évaluer leur efficacité et (re)) orienter les ressources là où c'est nécessaire ; (v) renforcer la coordination au sein du gouvernement et entre les secteurs public et secteurs privés ; et (vi) faciliter les partenariats entre les acteurs publics et privés afin de mobiliser toutes les ressources financières pour les ODD.
Le PNUD, le DAES de l'ONU et l'UE, ainsi que d'autres institutions clés, telles que le FMI, ont intensifié leurs actions et leur coopération pour faire progresser la mise en œuvre des INFF. Ces efforts ont abouti à un soutien à 16 pays pionniers dans la conception des INFF, à l'approbation du financement de 62 gouvernements et institutions partenaires par le Fonds conjoint pour les ODD et à la finalisation de la méthodologie et des modifications de l'INFF à la lumière des urgences et des contraintes financières causées par la pandémie de COVID-19.